La famille Bélier - Eric Lartigau

La comédie qui cartonne en ce début d’année 2015 : La Famille Bélier, l’histoire d’une jeune fille dont les parents agriculteurs et le petit frère sont sourds de naissance et qui se découvre un don pour le chant. Son prof l’encourage à passer les concours alors que son père décide de se présenter aux élections de sa mairie. Le changement bouleverse donc la petite famille.

J’en envie de dire : évidemment que les gens vont voir ça : une gamine qui a un don et des personnages sourds avec lesquels on peut sympathiser, c’est aussi bankable qu’un noir des cités qui aide un riche handicapé ! Mais si je critique le principe de faire venir le public avec des sujets types (le champion du genre reste La Rafle qui se sert de la Shoah pour faire venir un public en manque de bonne conscience), cela ne veut pas dire que les films produits sont mauvais. Intouchable était plutôt bon, et si je n’ai pas vu La Rafle par principe, j’ai fait le déplacement pour La Famille Bélier. Certes, c’est surtout ma chère et tendre qui voulait le voir, mais le fait est que je n’ai pas dit non ! Et je n’ai pas passé un mauvais moment au cinéma !

La famille bélier avec les enfants (Lucas Gelberg et Louane Emera), le père (François Damiens) et la mère (Karine Viard)

Les deux choses que l’on voudra mettre en avant sont le jeu de François Damien et de Karine Viard, ainsi que la belle voix de la jeune Louane Emera. Effectivement, nous pouvons saluer la prestation des deux premiers acteurs qui ont appris le langage des signes pour le film, mais ne connaissant pas moi-même ledit langage, je n’irai pas plus loin. Si c’est vrai, et je pense que ça l’est, c’est respectable. Et le fait est que dans le film, cela fonctionne. Il n’y a aucun problème de compréhension puisque soit leur fille traduit instantanément, soit nous avons simplement des sous-titres. Le film met également en scène des situations ne reposant que sur ce langage, soit pour faire rire, soit pour attendrir et émouvoir. Mais dans l’ensemble, ils sont traités comme des dialogues assez classiques dans plusieurs scènes, et il me semble que c’est un bon choix que d’avoir fait cela. Pour ce qui est du talent de Louane Emera au chant, on ne peut ici la juger que sur le répertoire de Michel Sardou dont les chansons sont mémorables davantage pour les paroles que pour leurs techniques au point de vue vocal. D'ailleurs, Sardou est un choix étrange pour attirer un public jeune (je ne discutterai pas ici de la qualité du répertoire, dont j'apprécie certaine chansons). Elle chante bien, ou du moins, on peut dire qu’elle a une belle voix, mais je ne la jugerai pas de plus sur ses talents. Une belle voix ne suffit pas pour faire une grande chanteuse, et il faudra voir si on se souviendra d’elle, et de sa performance, dans un an ou deux. Je gage que non, car si la voix, encore une fois, est belle, d’autre seront plus marquantes. Par ailleurs, les interprétations des chansons manquent ici de personnalité et font passer les textes pour des clichés (mais de beaux clichés) alors que justement, il y a des choses intéressante dedans (je ne l'aurai pas cru, mais du coup je me suis penché sur les textes de Sardou, et je dois reconnaître qu'il y a des choses vraiment intéressantes dedans d'un point de vue de l'écriture).

Eric Lartigau

Pour ce qui est des talents d’actrices de la jeune fille, ce n’est pas parfait et je trouve qu’elle en fait un peu trop, comme les différents acteurs secondaires, mais ce n’est pas choquant, et ça passe. En revanche, ce qui ne passe pas, ce sont certaines erreurs techniques, principalement au niveau du montage. J’ai remarqué quelques cuts assez maladroits, par exemple pendant le concert, un peu avant la fin du film, la caméra est sur le père, puis se tourne vers un groupe proche, et avant que quoique ce soit ne revienne dans le champ, on a un changement de plan. Pourquoi déplacer la caméra si c’est pour couper le plan pendant le déplacement, sans que ce mouvement n’ait permis de montrer quoique ce soit ? Certes, ce sont des détails, mais ils restent voyants et mettent en avant des erreurs basiques. Mais pour le reste, ce n’est globalement pas mal filmé, mais c’est hyper classique. Tout est très simple et le film n’a que son sujet et ses personnages pour attendrir. Et ça fonctionne, sur une scène ou deux, on pourra se laisser émouvoir, mais tout ne se base que sur des procédés classiques et usés, aussi, se laisser prendre pour de bon n'est pas gagné.

OUI, ce plan est très, mais vraiment très cliché ! Et ce n'est pas le seul du film.

Il n’y a pas grand-chose de plus à dire. C’est un film correct, assez sympathique à voir une fois, qui a bon fond et qui, heureusement, ne se contente pas de montrer des sourds pour faire des blagues : il parle d’un choix auquel bien des adolescents sont confrontés un jour, un choix que j’ai connu : celui de quitter un jour une famille que l’on aime pour faire ce qui nous fait envie. Le sujet est traité de façon simple et le résultat final est un film, je l’ai dit, très correct, qui n’a pas d’ambitions déplacées mais qui, d'un point de vue strictement cinématographique, n'a pas d'intérêt.

En une phrase : c'est sympa mais ça ne vole pas haut.

 

Un film réalisé par
Eric Lartigau

Ecrit par
Thomas Bidegain
Stanislas Carré de Malberg
Eric Lartigau
Victoria Bedos

Interprété par
Louane Emera - Paula Bélier
François Damiens - Rodolphe Bélier
Karine Viard - Gigi Bélier
Luca Gelberg - Quentin Bélier
Eric Elmosnino - Thomasson
Ilian Bergala - Gabriel

 

INDEX des films
Facebook
 
 
Retour à l'accueil