Marguerite, de Xavier Giannoli

Vu un peu comme ça, au détour d'une sympathique soirée, ce film a su m'amuser et me divertir comme il le devait. Pas de quoi passer des heures à l'analyser, mais en même temps, on peut rester un moment pour en parler.

Le personnage de Marguerite, parfaitement incarné par Catherine Frot, est très attachant et l'on suit son histoire avec plaisir. Et, soit dit en passant, c'est gentil le petit panneau "ceci est une histoire vraie" au début du film, mais sincèrement, on l'oublie vite. Je pense il faut vraiment arrêter avec ça et, à mon avis, que l'histoire soit vraie ne justifie pas de la raconter. D'autant plus qu'ici, désolé, mais ce n'est pas une histoire vraie. L'histoire est inspirée de la vie d'une certaine Florence Foster Jenkins qui pensait effectivement à tort avoir un grand talent, mais qui avait un public. Outre leur faux talent, les parcours de Florence et de Marguerite divergent sur plusieurs points, tels que leur décès. Retenons enfin qu'en 2016, Stephen Frears (Les Liaisons dangereuses, Tamara Drewe), grand réalisateur britannique, sortira un film nommé Florence Foster Jenkins, sur la véritable cantatrice américaine. J'attends donc de voir le résultat.

Niveau réalisation, on a de belles choses, et la première fois que l'on entend Marguerite chanter, enfin, massacrer l'air de la reine de la nuit (de La Flûte enchantée de Mozart), c'est mémorable pour deux raisons : d'abord, elle suit une très belle interprétation du duo des fleurs de Lakmé (de Léo Delibes), et ensuite parce qu'elle est filmée comme on aurait filmé une véritable cantatrice, avec notamment des contre-plongées, le personnage au centre de l’image en position d’icône, comme si son chant était époustouflant. Et il l'est, mais dans le mauvais sens du terme. Ce procédé trouve son écho dans la critique profondément ironique qui paraît le lendemain de la performance et que Marguerite prend comme particulièrement positif, évidemment à tort... (ce qui est une des choses tirées de la vie de F.F. Jenkins).

Marguerite, de Xavier Giannoli

La fin du film est assez belle et n'en fait pas trop, nous n'avons pas certains clichés que l'on aurait été en droit de craindre. Et ce qui arrive à l’héroïne saura certainement toucher une partie du public. Si je ne me suis pas senti très ému, je ne peux cependant m’empêcher de me dire que c’était là la bonne fin.

Cependant, il y a deux ou trois petites choses superflues qui nous sont montrées. La relation entre le majordome et la femme à barbe par exemple. Oui, c'est rigolo, mais ça n'apporte rien du tout à l'histoire. Mais bon, pourquoi pas. Le reste du scénario est réussi, on ne se perd jamais dans le récit et le film ne prend pas le risque de partir dans trop de direction en même temps. L’histoire est découpée en chapitres nommés (La Grande Marguerite Dumont, Vers la joie, ...), je ne suis pas fan de ce procédé mais là encore, pourquoi pas ? Cela a le mérite de guider la lecture que l’on fait du film et de faciliter son interprétation pendant le premier visionnage que l’on en fait.

Voilà, un film simple, loin des comédies potaches et lourdingues que notre cher hexagone produit massivement, et qui assurera un bon moment. En plus, quand Frot ne chante pas, nous avons une très belle musique pour nos fragiles oreilles. L'histoire n'est pas si vraie, mais le film n'en est pas moins bon.

Un film réalisé par
Xavier Gianoli

Ecrit par
Xavier Giannoli
Marcia Romano

Interprété par
Catherine Frot - Marguerite Dumont
André Marcon - Georges Dumont
Sylvain Dieuaide - Lucien Beaumont
Denis Mpunga - Madelbos
Michel Fau - Atos Pezzini
Christa Theret - Hazel
Aubert Fenoy - Kyril

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