Les Julio-claudiens ne sont pas réputés pour leurs vertus. Leurs vices, du moins ceux de trois d’entre eux sur les cinq, ont souvent été le sujet de fantasmes. Principalement pour ce qui est de Caligula. Cela dit, Néron qui aurait brulé Rome et persécuté les chrétiens, ou encore Tibère qui se serait livrer aux pires débauches dans sa retraite de Capri, le reste de la famille n’est pas en reste. Mais il ne faut pas oublier que la famille, ce n’est pas que les hommes, ce sont aussi leurs épouses et leurs enfants. Dans les années 30, Robert Graves, romancier britannique, publia un roman, I, Claudius, qui relatait les évènements liés à cette famille. En 1976, la BBC en faisait une adaptation. C’est de cette dernière que je vais parler. La série s’ouvre en nous présentant Claude, quatrième empereur de l’empire romain, vieux, peu de temps avant sa mort, avec une idée en tête : écrire l’histoire de sa famille pour en découvrir les secrets et dévoiler la vérité. Un flash-back nous ramène alors au début du règne d’Auguste, vers l’an 27 avant J.C. Auguste règne, il est marié à Livia, mère de Tibère. Lui est le père de Julia. Pour ce qui est du reste de la généalogie, j’ai peur de vite me mélanger les pinceaux, et je vous laisse un très bel arbre généalogique...


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Outre la complexité des liens familiaux, palier par les éditeurs de la série via un arbre généalogique simplifié généreusement fourni dans le coffret DVD (document que j'ai hélas égaré...), cette série est brillante. Je voulais absolument en parler car elle est quasiment inconnue et pourtant elle mériterait d'être vue par tous. Oublier les frasques de Games of Throne, ils passeront tous pour des amateurs à côté de cette famille qui elle a réellement éxisté ! Et 90% de ce que montre la série est véridique ! Evidemmement, certains mythes ont été mis en scène sans qu'on sache si leur récit est ou non véridique, mais autour de Caligula et du début du règne de Claude, le flou reste intense, et tant qu'à faire, autant laisser s'exprimer l'imagination. Mais qu'il s'agisse des perversions de Tibère à Capri, de la folie de Caligula ou de la nymphomanie de Messaline, tout est vrai. Quant à Livie qui mériterait d'être surnommée l'empoisonneuse, ou encore Claude qui était bègue, boiteux et agité de tics, vrai aussi. C'est donc le spectacle dépravé de l'histoire que l'on a sous les yeux pendant treize épisodes, pendant plus de dix heures. Et les quelques "embellissements" ne jurent pas avec le reste !

Bien évidemment, nous ne sommes pas sur HBO aujourd'hui, mais sur la BBC en 1976. La série est donc nettement moins graphique. Ce qui n'empêche pas de voir, occasionnellement, une tête tranchée, un nourrisson mort et étripé, ou de la chaire dénudée. Mais la majeure partie du temps, tout est dans la suggestion. Et il y a pas mal d'horreur qui passe par ce procédé qui s'est toujours montré d'une efficacité implacable. On ne voit peut-être pas Messaline se faire passer dessus par la moitié de Rome, mais au moins on compatis avec le pauvre Claude...

Par ailleurs, la série fait pire que simplement tuer les personnages que l'on est susceptible d'apprécier ou pour lesquels on éprouve simplement de la sympathie. Tibère n'est pas bien méchant au début, il est simplement contraint de faire des choses qu'il refuse à cause de Livie, sa manipulatrice de mère. Mais il garde son honneur. Mais le temps le corrompt et il finira satyre libidineux assouvissant ses plus bas instinct. Messaline est toute mignonne quand elle apparaît, avec ses beaux yeux bleux et son visage d'ange. Mais l'ennui la transformera en être vil... Et dans toute cette décrépitude, un seul résistera : Claude. On le voit souffrir les pires humiliations et insultes tout au long des épisodes. Il reste celui avec lequel on compatit, cet enfant boiteux, bègue et agité de tics qui, on nous le dit très tôt dans la série, et l'Histoire nous l'a déjà raconté, deviendra empereur. Et même cela n'est accompli que par moquerie.

Vous pensez qu'avec ce que je viens d'écrire, je vous ai tout raconté ? Eh bien non, loin de là. Je n'ai donné que la surface du récit. Derek Jacobi y incarne le fameux Claude, et c'est à l'immense John Hurt que revient le rôle de Caligula. Tous les acteurs sont impressionants, mais ce qui m'a le plus bluffé, ce sont les maquillages. Au fil des épisodes, les personnages vieillissent, et les acteurs sont maquillés pour rendre compte de ce phénomène tout naturel et, pour l'époque, c'est très très réussi. Quant aux décors, ils sont bien simples et l'on voit vite que nous sommes dans des studios, mais qu'importe, quand on a de si bons acteurs ? Pour ce qui est des costumes, la série n'a pas à avoir honte de ce qu'elle offre. Ils sont tout à fait décents, et les armures sont même très belles.

 

 

 

 

 

 



Claude, et sous le maquillage, l'acteur Derek Jacobi

En bref, nous avons là une série aux allures humbles mais extrêmement réussie. Dans un temps où l'on applaudit des séries pour leur aspect sulfureux et politique, il faut se dire qu'il y a presque 40 ans, la BBC diffusa Moi, Claude, Empereur, exposant la famille la plus tordue de l'Histoire, avec inceste, meurtres, complots, sexe, etc. Si tout n'est pas montré, le propos est explicite. De toute façon il n'y a pas besoin de montrer, puisqu'en en montrant trop, cela en devient parfois risible. En en montrant peu, la portée garde de sa force et les personnages n'en sont que plus splendides. Une série brève, mais remarquable.

 

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Le générique, simple, mais qui fait comprendre la teneur de la série.

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